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Eviter de ramasser le petit singe

« Ils ne peuvent nous enlever notre dignité si nous ne la leur cédons pas »

Gandhi



Quelqu’un m’a expliqué un jour qu’un gestionnaire doit toujours s’imaginer que celui qui entre dans son bureau porte sur son épaule un petit singe qui image son problème et dont il aimerait bien se débarrasser.


Tout l’art de la gestion consisterait à ignorer les appels et gesticulations du petit primate. Pourquoi ? Parce qu’en s’intéressant à ce que demande le petit singe, le gestionnaire se donne un rôle de sauveur et il ne permet pas à l’autre d’apprendre à s’en occuper lui-même. Et le débat reste au niveau émotionnel.


Cette histoire m’est revenue à l’esprit à la suite de quelques épisodes où des collègues me faisaient part de leurs émotions par rapport à une situation donnée. J’ai réfléchi à ce qui se passait alors et j’ai réalisé que le petit singe sautait allègrement sur mon épaule ! Comment alors corriger la situation et éviter de porter le petit singe de l’autre.


En me posant cinq questions[1] pour mieux comprendre ce qui arrive.


1. Quelle est la situation ?


Des membres de mon équipe partagent leurs émotions négatives par rapport à une idée, à un projet ou une autre activité dont je suis la principale responsable sans m’apporter de solutions.


Je suis blessée ou déçue que mes bonnes idées aient créé cet état d’esprit et j’essaie d’expliquer. L’air est chargé et mon niveau de motivation est à son minimum comme celui de mon interlocuteur d’ailleurs. Je suis en train de porter l’insatisfaction de mon interlocuteur.


2. Qu’est-ce qui me met mal à l’aise

Il y a quelques années, j’ai assisté à une présentation sur l’auto-défense où on nous enseignait à dire la phrase suivante face à un comportement qui nous dérange : Je me sens … quand tu …. J’aimerais que …… En me remémorant cette phrase, j’ai réalisé que ce qui me heurtait le plus dans ces échanges émotifs c’était que les gens s’arrêtent après les deux premiers éléments, ils ne se donnent pas la peine de terminer la phrase. Cela donne, par exemple, « Je me sens mal à l’aise quand tu m’expliques la politique x. » point.


3. Comment je voudrais que ce soit

Lorsque la phrase est complétée, je ne me sens pas agressée. Je peux mieux comprendre ce qui dérange l’autre. Je ne me sens pas obligée de prendre sur moi ses états d’âme. Je sens qu’il est en contrôle, qu’il fait un effort pour trouver une solution. En fait, le petit singe reste sagement assis sur son épaule. Je ne suis même pas obligée de répondre ou de commenter si l’autre ne me le demande pas. Je ne suis qu’à l’écoute.


4. Comment se passerait une situation idéale

Un matin, Joséphine vient me voir et me dit : « Michèle : je suis mal à l’aise avec le mode de fonctionnement que tu as suggéré à notre dernière rencontre. J’ai réfléchi et j’ai l’impression d’être très contrôlée. Je me sentirais mieux si tu me laissais libre de choisir entre deux ou trois solutions sans me donner le mode d’emploi. Je comprends le besoin d’encadrement de l’entreprise mais j’aimerais que tu me donnes plutôt tes attentes. Par exemple, cette politique pourrait être énoncée ainsi : ….. ».


5. Comment puis-je faire en sorte que la situation idéale se réalise ?

Pas évident : la solution ne semble pas relever de ma compétence : il semble que ce sont les autres qui doivent changer ! Oh, là là … belle philosophie ! Serais-je en train de vouloir me débarrasser de mon propre petit singe ? J’ai donc discuté du cas auprès de plusieurs personnes et finalement je sais ce que moi, je peux faire.


Tout d’abord : je dois apprendre à résister à l’appel du petit singe de l’autre. Comme Emmanuel Maire[2], me l’a appris : je fais une erreur commune à plusieurs gestionnaires : trop tôt, trop vite – trop fort. Je dois plutôt appliquer la technique du RPA : Réflexion, Préparation, Action. Puis, je dois aider les autres à compléter la phrase. Je peux donc dire : « Qu’aimerais-tu que je fasse ? » Ou encore : « Quels faits, comportements te font dire que… ? », « Quels conseils pourrais-tu me donner pour que je puisse évoluer ? »


Ainsi, j’agis moi-même sur la situation : je suis responsable et proactive.


Puis, petit à petit, mon comportement aura une influence sur les autres et j’aurai de moins en moins souvent à résister à l’appel de leur petit singe. Quand on change soi-même son comportement, cela change celui de nous interlocuteurs. J’aurai ainsi élargi mon cercle d’influence.[3]


Et vous, qu'en pensez-vous ? Avez-vous des expériences similaires ou différentes ? Faites-m’en part, je serai ravie d'en discuter avec vous !

Illustration : œuvre de Mélanie Bénard Tremblay, 2020, © Marakoudja

[1] Ce modèle en 5 étapes a été créé par Hélène Nicole Richard. Il a été inspiré par Anthony Robins' Personal Power Program. Hélène Nicole peut être contactée via son site web www.helenenicole.com.

[2] Emmanuel Maire offre du coaching aux entreprises. Il peut être contacté via son entreprise EMC Conseil. [3] Stephen Covey's "Les sept habitudes de ceux qui réalisent tout ce qu'ils entreprennent".


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