Le monde entier est une scène, hommes et femmes, tous n'y sont que des acteurs, et notre vie durant, nous jouons plusieurs rôles. William Shakespeare
Connaissez-vous votre/vos rôle(s) au sein de votre organisation ? Est-ce que les autres autour de vous en font la même lecture ?
Une des sources potentielles de burn-out est une perte de sens, une absence de clarté sur son apport à l’organisation. Définir les rôles dans lesquels les personnes interviennent pourrait aider à retrouver un sens au travail réalisé. Savoir dans quel rôle ou posture on agit est une bonne façon de se donner ou donner aux autres un ancrage.
Une définition claire et partagée des rôles et des responsabilités permet à la fois de sécuriser la personne et de la libérer afin qu'elle puisse donner son plein potentiel dans ce rôle.
Malheureusement cette définition est souvent implicite. Chacun peut donc y mettre son grain de sel et le mettre en œuvre à sa propre sauce. On pourrait imaginer que cela donne plus de liberté, c’est peut-être vrai par beau temps. En période de stress, ne pas savoir qui est responsable de quoi peut alourdir encore plus la situation. Ne pas avoir une définition claire des rôles peut également provoquer de la déception ou des frustrations. Tant du côté du porteur du rôle que de celui qui l’a assigné à la personne.
La confusion est importante quand le rôle en question est commun. A priori, les responsabilités d’un CEO, d’un DG ou d’un conseil d’administration devraient être connues et uniformes. Malgré tout, on voit parfois des querelles entre ces interacteurs lorsqu’un perçoit qu’un autre empiète sur ses responsabilités et donc sur son territoire. Et que dire des rôles non hiérarchisés tel que chef de projet, Product Owner, Scrum Master. En théorie, ils sont bien définis dans les normes, méthodes et cadres de référence. Malgré tout, tant leur utilisation que leur compréhension varient d’une organisation, voire d’une personne à l’autre.
Un rôle et ses responsabilités définissent un territoire, un terrain de jeu. Un espace où le porteur du rôle est autonome pour prendre ses responsabilités. Il est libre du comment pour autant que cela ne touche pas le territoire d’un autre. Bien sûr, aucun rôle ne sera complètement autonome, c’est la même chose pour les citoyens. On a beau être chez soi, on ne peut mettre la musique à fond jusqu’à pas d’heure. Il y a même des règles sur ce qu’on peut et on ne peut pas faire chez soi. Ce qui change la donne, c’est la connaissance du niveau d’autonomie octroyé. Moins une personne en a, moins son travail aura du sens.
Ce qui est magique avec les rôles c'est que nous pouvons en avoir plusieurs en parallèle dans nos vies et que tous peuvent se côtoyer sans se nuire.
On peut être par exemple la fille / le fils de, peut-être une maman ou un papa, un/une député(e) ET un(e) professeur(e).
Les rôles évoluent également selon notre contexte personnel et l'évolution de la société. Ceux, respectifs, des mères et des pères sont différents aujourd'hui de ce qui était la norme il y a 50 ans. Même si on reste une mère, notre rôle est différent selon l’âge de nos enfants.
Dans l'entreprise aussi les rôles évoluent et parfois cette évolution est difficile à gérer. Les attentes envers certains rôles sont implicites et de ce fait ne sont ni claires ni comprises de la même façon par tous ce qui peut créer des conflits ou des burnouts. Le rôle d’un chef de projet sera différent selon le type de projets gérés dans l’entreprise. Il y aura ou pas un rôle de Scrum Master.
Cette notion de rôle et responsabilités est très importante pour les organisations holocratiques. Par la définition des rôles, on désire s’affranchir d’une structure rigide. L’organisation a besoin de plusieurs rôles pour fonctionner. A chacun d’entre eux correspondent des responsabilités. L’attribution des rôles se veut flexible selon les besoins et les capacités et/ou intérêts des acteurs.
Dans un projet, l’exercice de la définition des rôles doit être fait explicitement le plus tôt possible. A commencer par la clarification de ceux du chef de projet et du commanditaire (stakeholder). Ceux qui ont lu mon livre savent combien cette relation est clef pour moi. Tant le chef de projet que le commanditaire ont un rôle à jouer dans le succès du projet. Si un des deux ne prends pas ses responsabilités ou empiète sur celles de l’autre, il n’y aura pas d’harmonie et le projet se déroulera moins bien.
Je vous invite, quelle que soit votre situation, à réfléchir aux rôles que vous avez dans votre vie professionnelle et/ou personnelle, identifier les responsabilités que vous croyez avoir étant donné ces rôles et les valider avec les personnes qui vous côtoient dans ce rôle. Vous pourriez faire des découvertes intéressantes.
Et vous, qu'en pensez-vous ? Avez-vous des expériences similaires ou différentes ? Faites-m’en part, je serai ravie d'en discuter avec vous !
Illustration : œuvre de Mélanie Bénard Tremblay, 2021, © Marakoudja
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